HISTOIRE SECRETE – Départ de Senghor : novelles révélations sur Pierre Biarnès, le correspondant du Monde

20 - Décembre - 2021

DECRYPT24 - L’empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique (Seuil). C’est le titre d’un ouvrage collectif, publié le 7 octobre passé. Le livre retrace quatre-vingts ans d’histoire des relations franco-africaines et démontre que la «Françafrique» est un système de domination bien vivant, malgré ses mutations. Un rappel salutaire au moment où est organisé vendredi 8 octobre le sommet Afrique-France à Montpellier.
Dans les bonnes feuilles du livre partagées par Mediapart, il y a des révélations sur la face cachée de Pierre Biarnès, l’alors correspondant du journal Le Monde à Dakar. « Le portrait de groupe n’épargne d’ailleurs pas la profession de journaliste, dont un représentant (Pierre Biarnès, correspondant du Monde à Dakar dans les années 1960-1970) illustre jusqu’à l’absurde le pire du métier: informateur pour les renseignements français, ami des autocrates, se répandant en anecdotes salaces sur les femmes africaines et louant les proxénètes qui lui permettent de «trouve[r] encore des putes blanches», rapporte-t-on.
Ainsi, Jean Collin ne s’était pas trompé en jetant son dévolu sur ce journaliste, adepte des complots à la florentine, pour amener Léopold Sédar Senghor à annoncer son départ, suivant un timing qui allait écarter définitivement Babacar Ba, alors rival de Abdou Diouf.
Voilà ce que Abdou Latif Coulibaly écrivait, à propos de Pierre Biarnès, dans son livre « Le Sénégal à l’épreuve de la démocratie…(publié en 1999).
« Le départ de Babacar Ba, principal rival de Abdou Diouf, n’avait pas pour autant rassuré l’intéressé et Jean Collin. Ce dernier s’était donné pour mission d’installer définitivement le dauphin. C’est en fin 1979 et au début de 1980, que tout va réellement se préciser. Un an auparavant, le président avait réuni, dans son cabinet, Abdou Diouf et Jean Collin pour leur annoncer la date de son départ : le 30 décembre 1980. Tous les deux avaient reçu comme instruction ferme de n’en dire mot à personne. A leur sortie d’audience, Collin persuada Abdou Diouf de lâcher le morceau, pour rendre irréversible l’échéance.
Un stratagème est, pour ce faire, mis au point : il fallait alerter l’opinions internationale et française en particulier, par le canal du journal Le Monde. Jean Collin savait Senghor très sensible à l’opinion occidentale. Il était toujours très flatté par ce que celle-ci pouvait penser de lui en bien. Ce qui serait le cas, quand sa décision volontaire de quitter le pouvoir serait annoncée à cette même opinion. Or, Jean Collin savait, de toute évidence, que l’annonce du départ volontaire de Senghor du pouvoir, au moment où les coups d’Etat aux issues incertaines et les dictateurs sanguinaires étaient le lot quotidien de l’Afrique, serait très bien accueillie en Occident. Ce choix de Senghor susciterait des louanges et approbations du modèle démocratique sénégalais que le chef d’Etat s’était mis à bâtir, avec la précision de l’orfèvre et dont il pourrait tirer la fierté de l’œuvre bien accomplie.
Pour le stratège Collin, le président reviendrait difficilement sur sa décision, une fois que l’Occident se saisissait du « scoop ». Jean Collin entre en contact avec le journaliste Pierre Biarnès, correspondant du Monde à Dakar. C’était pour annoncer que Senghor avait fixé sa date de départ de la présidence de la République du Sénégal pour le 31 décembre 1980. Il lui organise au palais une rencontre avec l’ancien président de la République. Jean Collin aurait pu laisser Pierre Biarnès faire un article sur la foi de la source qui l’avait informé de la décision du président. Un démenti pourrait suive la publication dudit article.
Il tenait alors à ce que Senghor, lui-même, confirma la nouvelle. En posant la question, Biarnès ne lui laissera aucune possibilité d’infirmer, car il disposait de trop d’informations sur cette affaire, pour permettre à Senghor de se dérober. C’est ainsi que Léopold Sédar Senghor confirma son départ, prévue pour le 31 décembre 1980. La machine qui doit le mener à la sortie s’ébranle. On ne peut tolérer d’impair.
Les Sénégalais qui n’avaient pas eu la primeur des révélations livrées par la presse française ont été finalement informés par le canal de la radio nationale. Non point dans ses bulletins d’information, mais à travers la revue de presse hebdomadaire présentée à l’époque par feu Gabriel Jacques Gomis.
Gaby, comme tous les frères l’appelaient affectueusement, ne reviendra plus jamais à l’antenne. Il venait d’être victime des machinations politiques qui s’élaboraient à la tête de l’Etat et savamment orchestrées par les héritiers du trône eux-mêmes ».

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