Super Latif ! Il sait changer d’opinion, lorsque les vents et variations de la fortune l’exigent de lui. Un exemple : la Cour de répression de l’enrichissement illicite. L’ancien journaliste, alors ministre en charge de la Bonne gouvernance, ne cessait de parer de vertus cette cour. Il était presque le porte-parole de la CREI.
Pourtant, dans son livre intitulé « Le Sénégal à l’épreuve de la démocratie : 50 ans de complots au sein de l’élite socialiste », Latif pense que la CREI est un instrument pour liquider des adversaires politiques, notamment l’ancien ministre des Finances Babacar Ba, concurrent de Abdou Diouf, pour la succession de Léopold Sédar Senghor.
De l’avis de Abdou Latif Coulibaly, certes Babacar Ba est parti, mais on craignait ses amis qu’il aurait illicitement enrichis et qui pourraient tenter de déstabiliser le régime.
« Il fallait mettre en place une loi sur l’enrichissement illicite et une Cour chargée de l’appliquer. Cette loi de circonstance et la Cour d’exception qu’elle aura aidé à mettre en place n’étaient pas réellement destinées à mettre en œuvre la politique de moralisation et d’assainissement de la vie publique. C’était plutôt une épée de Damoclès dont on s’est servie pour avoir à l’œil un certain nombre de personnes qu’il fallait à tout prix contraindre à se tenir à carreaux. (…) L’œuvre de liquidation programmée de certaines figures pouvait alors être enclenchée », nous apprend Latif.
Il faut dire que ce doyen de la presse sénégalaise a des raisons d’en vouloir à Karim Wade, au point d’en oublier ses principes d’hier. Dans un autre livre : « Wade un opposant au pouvoir – L’Alternance piégée », il raconte comment Karim, en proposant à Babacar Touré de lui trouver des investisseurs pour sauver SUD alors gravement endetté, lui a demandé de se séparer de ses collaborateurs, sous le prétexte d’un sureffectif.
Un certain Mamadou Pouye, auditeur (Il doit être celui-là même qui était visé par la CREI), se chargera du dossier. Ce dernier recommande de vendre l’outil ou de le renflouer par des capitaux massifs.
Cette algarade ouvrit les hostilités entre Abdou Latif Coulibaly et les Wade ! A partir de ce moment, notre Albert Londres des Tropiques portera la plume dans la plaie pour faire rendre gorge à Wade-fils.